mardi 31 janvier 2017

D- La libéralisation du choix et l'influence de la mode

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Le stock de prénoms s'est considérablement élargi depuis le milieu du XXème siècle. En effet, par exemple « de 1946 à 1970, moins de 40 prénoms suffisaient à nommer la moitié des enfants nés en Bretagne ; en 2002, il en faut 109 ».


Nombre de prénoms nécessaire pour nommer la moitié des naissances


Ceci s'explique par la libéralisation du choix. Il appartient aujourd’hui aux officiers de l’Etat civil de juger de la recevabilité du prénom, s'il va à l’encontre de l’intérêt de l’enfant. Tâche difficile parce que subjective ; de manière presque arbitraire ils peuvent en avertir le procureur de la République. La démarche juridique qui s’ensuit est longue ; il est donc très rare de voir un prénom refusé. Autre facteur, la nécessité d’originalité, la France compte de plus en plus de prénoms rares.
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Proportion des naissances recevant un prénom rare
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Aujourd’hui l'enfant ne doit pas porter le même prénom que son voisin, il doit être unique. Cela donne lieu à des stratégies de la part des parents, notamment :

- de nouvelles orthographes, exemple –Anna/Ana/Hanna/Annah... Mathis/Matthis/Matthys...

- des prénoms insolites, exemple – Google/Facebook /Hashtag/Nutella/Fraise/Titeuf...


camille-blogbd.com


Les lois n’encadrant presque plus le choix du prénom, le risque est l’anarchie. Il existe encore, heureusement, une surveillance en la matière. Exemple : en octobre 2006, la cour d'appel de Montpellier a refusé les prénoms "Patriste" et "Joyeux" (pour des jumeaux). L'argument étant qu'ils "sont de nature, en raison de leur caractère fantaisiste, voire ridicule, à créer des difficultés et une gêne effective pour l’enfant. Aussi, il convient de confirmer le jugement entrepris en ce qui concerne la suppression de ces deux prénoms qu’il échet de remplacer par les prénoms de « Roger » et « Raymond »“. Plus récemment (17 octobre 2014), à Raisne, dans le Nord, le prénom Fraise a été refusé car il a été estimé qu'il “serait nécessairement à l’origine de moquerie notamment l’utilisation de l’expression ‘ramène ta fraise’, ce qui ne peut qu’avoir des répercussions néfastes sur l’enfant”.



                                                                                                                                                                      
Liens vidéos :

*"Quand la justice refuse des prénoms", Franceinfo, 2012
                                                                                                                                                                        

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Néanmoins à trop vouloir distinguer son enfant, on en arrive à des proportions démesurées. Ces prénoms devenant risibles, voire totalement handicapants.

Par ailleurs si les prénoms sont de plus en plus différents, le choix reste conditionné/régit par la mode. Actuellement les prénoms courts sont privilégiés, ainsi que certaines sonorités et terminaisons. 






Longueur moyenne des prénoms en France




Le succès de quelques terminaisons féminines 


Par exemple pour les filles, les prénoms en –ette sont à bannir ; en revanche ceux en –a ou ah sont en vogue. En témoigne l’officiel des prénoms de Stéphanie Rapoport où figurent en tête Lola, Emma, Léa... En ce qui concerne les garçons, les terminaisons en « o » sont plus prisées comme Léo, Timéo, Enzo, et Hugo entre autres...

En 2016, s’appeler Henriette quand on est une adolescente française ... un atout? ou un poids? Finalement ceci souligne le fait qu’un prénom trop marginal peut être handicapant.
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La carrière de quelques prénoms féminins

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En résumé, le prénom est un indicateur et ce à plusieurs échelles.
En effet, il peut renvoyer à certaines valeurs propres à une communauté, comme une ethnie ou une religion par exemple.
Il peut également souligner l'appartenance à un environnement social particulier
- grâce à l'époque à laquelle il a été donné
- grâce à la distinction des goûts entre les différentes classes sociales.
- grâce à la référence plus ou moins prononcée à une célébrité ou à un personnage célèbre.
De plus, si la mode oblige certaines normes, l'individu au prénom trop marginal peut être exclu.
Ainsi, le prénom n'est pas un problème en soit, cependant il est le reflet de l'histoire d'un individu. Son handicap s'exprime et s'explique alors dans les difficultés à intégrer son histoire avec les codes de la société.
Par conséquent, le prénom peut être un handicap à cause de ce qu'il véhicule... nous exposerons alors les potentielles conséquences sur notre réussite professionnelle

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